Confessions d’un amateur de bande dessinée belge, de François Rivière, Les Impressions Nouvelles, 2025
À l’heure du passage de témoin entre les boomers (1945-1960) et les zoomers (fin 1990-début 2010), la bande dessinée a glissé de la franco-belge vers celle du manga, obtenant au passage son ticket pour le musée, un droit d’entrée dans la galerie d’art et la reconnaissance académique, la plus cruelle, car l’ultime.
François Rivière est un acteur direct de ce changement. Nous sommes au début des années 1960, il découvre les histoires en images avec E.P. Jacobs, porte d’entrée vers la classique franco-belge ; Hergé, bien sûr, puis Jacques Martin (Alix) ou Raymond Macherot (Chlorophylle). Peu à peu, son approche du neuvième art s’équilibre avec son éloignement de l’enseignement dit traditionnel.
Une autre époque
Rivière écrit une lettre à Jacobs pour lui signifier son plaisir de lecteur. Et Jacobs lui répond… Il correspond avec Jean Van Hamme, Raymond Macherot, avant de les rencontrer. Il devient « petit » reporter pour le fanzine naissant Schtroumpf : Les Cahiers de la bande dessinée lancé par le jeune Jacques Glénat-Guttin. Il croise Jacques Martin à plusieurs reprises. Le climax de ces souvenirs se situe lors de la rencontre physique avec E.P Jacobs, moment de partage entre l’auteur affirmé et l’apprenti scénariste. Puis, la rencontre avec Alain Saint-Ogan, les échanges épistolaires avec J. Martin. Enfin, celle plus « théâtrale » avec le mythe Hergé. Défilent par la suite René Goscinny, le futur critique Numa Sadoul, et puis les déjeuners chez Hergé à Bruxelles, avec Fanny.
Véritable catalogue de la Galaxie franco-belge, François Rivière célèbre avec sourire et bonne distance les temps anciens, avant que ces auteurs ne deviennent sacrés.
Crédits illustration : Le Mystère de la Grande Pyramide, t. I, dans la série Blake et Mortimer, entièrement réalisée par Edgar Pierre Jacobs, Lombard, 1954.

