L’homme séquentiel

Texas Cow-boys, T. 1

L. Trondheim & M. Bonhomme, DelPozzo Publishing, 2012

Depuis Blacktown et l’an 2000, on retrouve le plaisir de lecture séquentielle si caractéristique de Lewis Trondheim à propos d’un western, genre apprécié. Le mécanisme d’écriture, tel un colt à 6 coups, déclenche 6 cases à la planche pour un découpage à rebours qui s’achève sur une case à tourner la page. Le livre s’organise autour d’un feuilleton par chapitre, un personnage par feuilleton, avant que l’intrigue ne s’emballe.

Le personnage principal, Harvey Drinkwater, le plumitif, le gratte-papier, le pied tendre, arrive de Boston dans le Massachusetts. Contraint, Harvey débarque à Fort Worth au Texas avec trois objectifs : se venger d’un ex-beau-père, faire l’amour avec régularité et entasser un maximum de dollar. Des objectifs très modernes. Ses aventures serviront de prétexte à l’écriture du présent ouvrage dans une espèce de mise en abyme, procédé gouté par l’auteur. Amorce de sidekick, Ivy est le contact sur place, le local, le dur à cuire, le « tough guy », celui qui ne dit mot.

Miss Malone incarne la touche féminine, l’égérie du saloon, la maitresse-joueuse de poker. Toqué du citron, son côté sombre la rend presque sympathique. Aucun lien de parenté avec la pétulante Dorée Malone. Sam Bass, le bandit patibulaire au visage famélique pille des banques.

La Whishita communauté sert de caution autochtone, le savoir et la culture dans cet univers de Huns. L’orpailleur en guise de passeur, devient médium exorciste après son passage dans la loge à sudation indienne.

Chris Whale, et non pas Ware, sert au saloon, vole les voleurs et vit avec sa mère. Le véritable petit malin de l’histoire. Voler des voleurs est-ce aussi voler ? Dernier protagoniste majeur, le marshal Courthwrigt, l’ordre du jour, aussi véreux que vénal, c’est la loi de l’Ouest.

Maintenant, les principaux personnages en scène, l’intrigue prend forme : deux sales types ont vu la gueule du clampin qui dépouille le voleur Sam Bass de son butin. Ce dernier veut les libérer coûte que coûte. Le découpage est effectué en fonction de cette trame.

« Le combat de rue final » voit le serveur Whale en prendre pour son grade, mais il est vraiment malin. Dans « La bande à Sam », Ivy raconte son histoire. Braqueur sacrifié, taulard pendant 20 ans, il a perdu la trace de son butin. « La fin de la route » comme son nom l’indique, est une conclusion qui en appelle à la suite.

Dialogues décalés, Lewis Trondheim joue l’anachronisme sans perdre l’âpreté du lieu, le Texas, et de l’époque,

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