Perdu dans la sierra

Emilia Perez, Jacques Audiard, 2024.

Soit Audiard, le fils, Jacques, réalisateur confirmé à la filmographie aussi épaisse que réussie, soit Emilia Perez, une comédie musicale, qui représentera la France au championnat du monde du cinéma – à l’Oscar du meilleur film international – dans laquelle un dangereux narco (pléonasme) mexicain (pas pléonasme) décide de changer de sexe, de genre, dans un pays rongé par la tentation (le Mexique).

Le ressort principal pousse à la limite de la caricature un Mexique exsangue avec le trafic de drogue, un pinche narco désireux de devenir femme. Plusieurs alertes retentissent durant le visionnage du flim, la reconstruction du petit resto façon rue gama, la séquence façon supermarché de la transition ou lorsque l’un des garçons reconnait l’odeur de son père dans cette nouvelle tià.

Adepte du film réaliste, fort et puissant, social et engagé, la carrière du cinéaste français, qui s’exporte peu à peu, avec finesse et originalité, veut-elle nous conduire jusqu’à Hollywood ? Son passage par le genre western, avec les biens nommés Frères Sisters, au casting américain incarne cette montée en puissance. La ruée vers l’or sous le signe de la cupidité et de la fraternité avec ce magnifique final dans lequel ces deux crapules de Sisters se font dorloter par leur maman comme deux chenapans qu’ils sont.

Avec Emilia Perez, Jacques Audiard change d’échelle, de l’international, du Mexique en Israël, en passant par Londres, pour s’égarer dans la Sierra. Quand Selena Gomez ne reconnait pas son propre mari, petit général de sicaires – quand la lutte entre les narcos et l’État provoque la mort de 400 000 personnes – pour le transformer en tià. Los ricos tambien lloran annonçait la telenovela, les bons réalisateurs peuvent aussi nous décevoir.