Sauvage ou la sagesse des pierres, Thomas Gilbert, Éditions Vide Cocagne
Parti randonner à l’écart du monde, un jeune couple reçoit un orage, tel un antique châtiment divin. La Femme, impuissante, assiste au foudroiement de son compagnon. Après une tentative de retour à la civilisation, elle choisit la « sauvagerie ». Chaque jour toujours plus seule, elle redécouvre un milieu naturel dans lequel elle se fond, développe discussions et confidences avec la faune, la flore, converse avec la voie lactée. Arrive alors Renard, mentor et partenaire qui lui apprend la bestialité en échange d’une humanité. Un transfert fatal à l’animal,avant que Sauvage ne sombre dans la solitude, dépérisse, se décompose pour laisser place à une plante, synonyme de Renaissance.
Une expression graphique
Thomas Gilbert maitrise le récit, la composition de planches et le langage chromatique dans ce roman graphique « complet ». Il aborde la relation Homme/Nature, du plan physique (sur vivre) vers le métaphysique (vivre parmi), et son pendant féminin, personnifié par cette jeune femme anonyme et unanime. Quelques monologues intérieurs, de courts échanges avec Renard, façonnent l’ambiance fantastique. Son trait réaliste, au crayon noir pour l’ensemble, avec des nuances de gris, pour le végétal et le minéral, de rouge pour Renard, pour le sang, pour la vie, raconte cette quête. Ultime, extrême, Sauvage ou la sagesse des pierres fait office de catharsis, pour l’auteur comme pour son lecteur.