La forêt des renards pendus, Nicolas Dumontheuil, d’après Arto Paasilinna, Futuropolis
Gabriel Remes est désemparé. Militaire sans guerre, il brûle son énergie dans la routine d’une caserne et dans l’eau-de-vie de bigarade. Aussi, un congé sans solde lui permet de faire un break.

Le hasard de l’aventure le conduit jusqu’à la fruste tente de Raphaël Juntanen, un malfrat en cavale. Son dernier coup réussi, Juntanen est parti se mettre au vert de l’or plein les poches dans la forêt lapone. Après s’être jaugés, les deux hommes décident de s’allier pour affronter l’hiver. Faisant jouer ses relations, le major les installe dans un logis destiné aux bûcherons.
Naska Moskinoff fête ses 90 ans. Vivant seule, le maire de sa commune décide de la placer à vie dans une maison de retraite. Malgré son âge avancé, la vieille dame refuse et profite d’une pause pipi pour échapper à ses pseudo-ravisseurs. Sans surprise pour le lecteur, elle débarque dans le logis de bûcheron un soir de tempête. Juntanen et le major Remes s’accordent pour laisser un peu d’espace à la nonagénaire, laquelle s’occupera des taches domestiques. Le trio fuit la police, la routine et le destin. Ensemble, ils recréent une ambiance familiale à l’approche des fêtes de fin d’année. Renouant avec ses anciennes relations, Juntanen fait venir Anieta et Christine depuis Stockholm, deux filles de petite vertu, en guise de cadeau de Noël. L’arrivée impromptue d’un policier solitaire semble marquer un coup d’arrêt à cette équipée de dingos, excepté que l’or, transformé en argent, convainc le fonctionnaire de trouver un compromis avec ces fugitifs. La fin est joyeuse, sauf pour l’acolyte de Juntanen passé récupérer son du, sans succès.
Dans La forêt des renards pendus, le sépia se déploie de la couverture jusqu’à la dernière page, telle une couche de neige. Arto Paasilinna a construit son histoire comme Ravel son boléro, en réunissant l’un après l’autre des personnages singuliers, hormis les prostituées, pour créer une communauté hétéroclite mais harmonieuse. D’ailleurs, on croit reconnaître l’écrivain sous les traits du major Remes, dont la puissante carrure et l’activité physique permanente ne sont pas sans rappeler la jeunesse de Paasilinna. Burlesque, exotique, ce thriller humoristique en profonde Laponie résume en un album les qualités graphiques du style Dumontheuil, à savoir, en termes de couleurs et de traits, d’épouser la douce folie instillée dans l’ouvrage.
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