L’arlésienne au cinéma

Avec Édouard Luntz, Le cinéaste des âmes inquiètes

Julien Frey & NADAR, Futuropolis

Sous forme d’enquête personnelle, Julien Frey part à la recherche d’un cinéaste français.

Débutant par un rendez-vous avec Edouard, nous découvrons très vite que cette rencontre estudiantine, qui ne débouche sur rien à l’époque, donne lieu à la réalisation de cet ouvrage. En effet, chemin faisant, Frey se rend compte qu’il est passé à côté d’un personnage, d’une personnalité du 7ème art, il tente de se racheter 20 ans plus tard.

Intimidé à l’époque par un rendez-vous professionnel avec ce réalisateur, l’étudiant en cinéma ne donne pas suite, d’autant plus que le type lui raconte qu’il a gagné son bras de fer contre Darryl F. Zanuck (Cléopatre ou encore Le jour le plus long) dans l’attribution du dernier regard avant projection : le final cut. Jeunesse oblige, des inclinations plus réalistes et rémunératrices orientent notre apprenti détective vers d’autres horizons. Plus tard… en proie à d’autres soucis, d’autres envies, Julien Frey découvre que l’ON a fait disparaitre l’œuvre de Luntz, ou qu’il est plutôt très difficile de visionner un film.

Entre nostalgie et sentiment d’injustice, l’auteur remue ciel et terre pour dénicher le travail de Luntz. L’enquête est sympathique, avec des escapades aux USA pour voir un film, celui par lequel tout arrivera. Le Grabuge, au nom prémonitoire, déclenchera l’aversion sans limite de Zanuck. Peu à peu, Frey démontre comment la T. C. Fox et ses sbires ont censuré le travail de Luntz.

Multipliant les rencontres, avec un étonnant Michel Bouquet, admirateur en son temps de Luntz, du fils Luntz et d’autres protagonistes de « l’affaire Luntz », Julien Frey soulève un pan de l’histoire du cinéma français. Nadar propose un dessin moderne, assez proche de l’école roman graphique, noir et blanc, initiés par les Dupuy-Berberian, entres autres.

La bande dessinée au secours du cinéma, encore une fois.

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