Mademoiselle Westinghouse

Les égarements de Mademoiselle Baxter, version originale El secreto de la modela extraviada

Eduardo Mendoza

Seuil

Un détective privé de son nom et de sa liberté doit résoudre une histoire de meurtre, sans aucun moyen, avant la police et contre le cours du temps. A priori impossible, sauf que nous sommes en littérature et que le privé dispose de quelques ressources. En premier lieu, un caractère débrouillard hérité d’une enfance difficile, voire intolérable pour la plupart, lui confère un certain recul face aux épreuves du quotidien. Ensuite il peut compter sur une équipe réduite à l’essentiel, sa sœur Cándida, à l’héritage commun mais au destin tout autre et un sidekick exceptionnel, en la personne de Mademoiselle Westinghouse.

Colocataire de l’adorable et crétine Cándida, Mademoiselle Westinghouse est un travesti d’âge sûr,

« Aux jambes de moineaux maladifs et au dos voûté (…) taciturne, portée sur la mélancolie et d’un abord poli et circonspect »

qui pratique un anglais d’avant-garde destiné à comprendre le monde de demain.

Barcelone, cité séculaire et radieuse, est le principal personnage de ce roman, celui sur lequel repose le déroulement de cette enquête assez loufoque, le Barcelone des années quatre-vingt, 1980, celui du barrio Chino aux allures de Bronx et des Ramblas dealeuses de produits narcotiques. Derrière le style de l’auteur, saugrenu à souhait, derrière le prétexte polar se lit une description de la ville portuaire d’avant les Jeux Olympiques de 1992, ce point final à la période franquiste, l’entrée dans l’économie mondiale, dans le processus de standardisation des métropoles européennes, pour le plaisir du touriste d’un jour et le bénéfice de quelques malins. Mené tambour battant, l’enquête révèle des informations qui permettent de comprendre la crise identitaire de la catalogne actuelle. Lorsque le gâteau européen a été goinfré jusqu’à la dernière miette.

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