L’Homme qui tua Lucky Luke, Matthieu Bonhomme, Lucky (Dargaud) Comics 2016
Un requin qui fumait plus à rallumer son clope, ça fait frémir…
Malgré les répétitives injonctions de la ligue antitabac, lui interdisant de fumer depuis 34 ans, depuis l’épisode Fingers, Lucky cherche son clope. Dans une turne de Froggy Town « La ville aux têtards », il tombe sur le Doc. Chez Smith en face, l’épicier lui vend 3 brins de tabac au prix de la weed jamaïcaine. Sans retenue, roulant sous l’orage, l’éclair détone, tout tombe à l’eau. De mal en pis. Le lendemain, quelques brins rescapés mis à sécher derrière la fenêtre lumineuse s’envolent dès que les notables du coin s’encastrent dans l’ouverture de sa chambre d’hôtel, lui demandant de rétablir la justice en ville. Chercher l’Indien.
Sur la scène du crime, Luke apprend par le gars de la diligence que l’entrepôt de tabac du coin est parti en fumée, nib. Le gars est affirmatif :
« j’sais compter jusqu’à zéro ! »
Aussi, lorsque le clan Bone se pointe au comptoir du saloon des cigares plein la bouche, la suspicion s’installe, juste avant que l’assemblée constituée ne se rue chez l’Indien (toujours en réserve) pour tenter de lui prendre ce qui lui reste, la vie.
Pas de chance. Après avoir été sauvé, Red Chief annonce à Luke que le stock d’herbe à calumet est parti dans une coulée de boue : il s’agit là d’un « grand malheur ». Grand malheur, d’autant plus que le manque commence de se faire ressentir, mauvais avant le duel final avec l’agile Anton Bone.
Passé le tsunami de recommandations, il faut reconnaître plusieurs qualités à ce Lucky-là. Balayant la critique relative au phénomène de reprise, Matthieu Bonhomme relooke un fameux personnage d’un trait souple et dynamique, tel ce mouvement du colt (C2 – p. 43). Quant à l’histoire, elle serait presque éclipsée par cette virevoltante renaissance.